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Le prix du maïs gonflé par la baisse des stocks américains

L'USDA vient de baisser de 5 Mt son estimation des stocks américains de maïs à la fin de la campagne 2024/25

Les prix du maïs ont progressé ces derniers jours, portés par un réajustement à la baisse des stocks de grain jaune aux Etats-Unis, offrant un peu de soutien au blé dans un marché des grains globalement hésitant.

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Mercredi, le cours du maïs progressait, à près de 209 euros la tonne sur l'échéance la plus rapprochée sur Euronext, dans le sillage du marché américain. A la Bourse de Chicago, le grain jaune a joué un rôle moteur pour les céréales, tirant le blé à la hausse dans un marché par ailleurs peu agité.

Dans son dernier rapport sur les prévisions de production et stocks, dit « Wasde », publié mardi, le ministère américain de l'Agriculture (USDA) a revu à la baisse ses estimations de stocks de fin de campagne pour le maïs aux Etats-Unis, à 44,15 millions de tonnes à l'issue de la campagne 2024/25, soit 5 millions de moins que lors de sa précédente estimation, un mois auparavant.

Cette « tension sur les stocks américains » s'explique à la fois par « un réajustement à la hausse de la consommation d'éthanol aux Etats-Unis » - où près de la moitié de la production de maïs est destinée à la fabrication d'agrocarburant - et par « un réajustement à la hausse des exportations américaines annuelles » de la céréale, a relevé Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.

Les exportations de grain jaune américain sont désormais prévues à près de 63 millions de tonnes pour 2024/25, en hausse de près de 5 millions par rapport à l'an dernier, avec comme destination privilégiée le Mexique.

Ces performances américaines ont conduit à un réajustement des stocks mondiaux, estimés en baisse, notamment hors de Chine.

Rapport neutre pour le soja

« Jusqu'ici, le marché mondial du maïs s'était focalisé sur l'arrivée d'une des meilleures récoltes historiques aux Etats-Unis, et on a oublié que les récoltes ailleurs n'étaient pas si bonnes que ça, notamment en Ukraine et en Argentine, et même au Brésil où on n'aura pas de record cette année », estime Sébastien Poncelet.

Pour Michael Zuzolo, de Global Commoditiy Analytics and Consulting, le rapport de l'USDA a effectivement acté « la reprise des exportations américaines », entraînant « logiquement » un ajustement des prix du maïs.

Ce rapport est en revanche considéré comme neutre pour le soja, avec des exportations et stocks mondiaux inchangés, en dépit d'une légère hausse de production en Argentine.

Globalement, les stocks de soja sont en forte hausse sur un an, tandis que les réserves mondiales de blé ne cessent de baisser depuis 2022.

L'USDA table aussi sur une baisse des exportations mondiales de la céréale du pain, à 213,6 millions de tonnes en 2024/25 (contre 212,4 Mt la campagne précédente), notamment du fait d'un repli des récoltes russe et européenne.

En dépit d'une hausse attendue de la récolte de blé en Ukraine (estimée en 2025 à 23,7 millions de tonnes) et en Roumanie (11,1 Mt), la production de la mer Noire, qui a dominé les échanges ces derniers mois, s'annonce en repli du fait de la baisse de la moisson en Russie.

Cette dernière est attendue à 81,5 millions de tonnes par Argus Media, soit en repli de dix millions de tonnes par rapport à l'an dernier.

Marchés « volatils » et « prudents »

Le potentiel d'exportation de la Russie, premier fournisseur de blé sur les marchés, a été revu à la baisse pour 2024/25, à 47 millions de tonnes (contre 55 millions de tonnes en 2023/24).

En dépit de ces ajustements et d'une légère remontée des prix russes, le blé européen, et notamment français, peinait à s'imposer dans les échanges.

Pour l'exercice 2024/2025, Nord céréales, qui gère les exportations de céréales via Dunkerque, dans le nord de la France, prévoit par exemple des exportations en baisse de 60 % par rapport à la campagne précédente, rapporte le cabinet Inter-Courtage.

Pour Sébastien Poncelet, le marché s'accommode pour le moment de stocks plus ténus chez les pays importateurs du fait d'une faible croissance mondiale et de robustes ventes de maïs américain et de blé russe.

Les marchés devraient rester « assez volatils » et « prudents » dans les prochaines semaines, notamment en attendant de savoir quelle sera la politique du président américain élu Donald Trump.

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